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Photo du rédacteurFleur B.

Ilaria, ou la conquête de la désobéissance, Gabriella Zalapì

En 1980, Ilaria a huit ans, ses parents sont séparés et elle vit à Genève avec sa mère et sa sœur aînée, Ana. Comme les enfants de son âge, elle aime dessiner, jouer à cochon pendu et faire des ricochets. Mais un jour de mai, son père vient la chercher, « le programme a changé » lui dit-il en la faisant monter dans sa voiture. La petite fille n’ose pas protester car « quand papa est nerveux il vaut mieux se taire ». L’enlèvement d’Ilaria marque le début d’un road-trip angoissant à travers l’Italie. Son père conduit d’une cabine téléphonique à une autre, de station-service en hôtel-bar où il noie son chagrin dans l’alcool. La petite fille connait deux interminables années de solitude et d’incertitudes, ponctuées heureusement par quelques belles rencontres. L’écriture, à la première personne et au présent, épouse son regard, son inquiétude, son amour pour un père qui la terrifie par ailleurs, ses renoncements de plus en plus terribles : ne plus parler de sa mère, à sa mère,  « Ne plus jamais parler. Ne plus jamais manger. » A ses yeux, l’enlèvement n’en est jamais un, ce sont de curieuses vacances en tête-à-tête avec son père qui se prolongent étrangement. Les doutes, les interrogations se heurtent à la confiance qu’elle a en lui, malgré le whisky, les colères et les abandons. La naïveté du point de vue de l’enfant est régulièrement contrebalancée par le chantage insidieux, les mensonges, le désespoir et même la folie qui se lisent dans les télégrammes que son père envoie régulièrement à sa mère.


Roman d’apprentissage, Ilaria raconte la fin précoce d’une enfance et une difficile conquête de la désobéissance, beau sous-titre du roman : la petite fille grandit déchirée, enfermée, dans un conflit de loyauté face à celui qui est devenu son seul repère. Gabriella Zalapì a trouvé dans les éditions Zoé un magnifique écrin pour accueillir ce récit bouleversant d’un traumatisme familial qu’elle a elle-même vécu. Son écriture a la beauté et la puissance de la simplicité et l’acuité du regard de l’enfant. Ilaria se lit comme un thriller, tant, page après page, l’appréhension du lecteur est grande face à cette petite fille livrée à la folie des adultes.


Ilaria, ou la conquête de la désobéissance, Gabriella Zalapì, éditions Zoé, 2024, 176 pages.

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