Grand succès dans son pays, ce premier roman nous plonge dans l’Iran contemporain.
Elles sont trois, trois amies qui se sont rencontrées à l’université de Téhéran. Leyla, Shabaneh et Rodja racontent tour à tour leur quotidien pendant deux saisons. Leila se remet difficilement du départ de son mari au Canada et s’enthousiasme pour son nouveau travail de journaliste. Shabaneh, prise entre sa mère dépressive, son jeune frère handicapé et son fiancé insistant se réfugie dans la lecture de gros romans. Rodja rêve d’aller poursuivre ses études en France mais culpabilise à l’idée de laisser sa mère seule.
Destins croisés de jeunes femmes ordinaires entre leurs rêves et leurs difficultés, récit qui pourrait sembler banal (le travail, la famille, le fiancé ou le mari…) à cette différence près qu’elles sont iraniennes et que nous sommes immergés dans une culture, une atmosphère particulière : le poids des parents, le mode de vie, les pratiques culinaires… Quelques détails, presque rien, marquent la pression du régime : le « manteau » qu’elles doivent revêtir pour sortir, la censure qui menace l’existence du journal. On ressent ainsi une impression d'étouffement. Enfermées dans leur rôle, prisonnières de la tradition, prises entre deux époques, les trois jeunes femmes se cherchent, elles hésitent, elles tâtonnent : « On est des sortes de monstres (…) On n’est plus du même monde que nos mères mais on n’est pas encore de celui de nos filles. » Face à leurs contradictions, elles se débrouillent comme elles peuvent : s’oublier dans le travail, s’évader dans les livres, s’abrutir de calmants ou choisir l’exil, à condition d'obtenir le précieux visa. Comment vivre libre, trouver sa place, s’affirmer quand on est une jeune femme dans l’Iran contemporain? C’est au fond la question que pose Nasim Karachi à travers ses personnages attachants.
L’ automne est la dernière saison, Nasim Marashi, traduit du persan par Christophe Balaÿ, Zulma, 2023. (2014), 266 pages.
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