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La méthode du crocodile, Maurizio De Giovanni

Photo du rédacteur: M. O.M. O.

Nous sommes en 2012, l’inspecteur Lojacono est de garde cette nuit-là quand le premier meurtre a lieu. Drôle de personnage cet inspecteur d’origine sicilienne, muté d’office suite à l’accusation d’un mafieux repenti. Surnommé « l’homme aux étranges yeux en amande » ou « le Chinois », cet homme secret intrigue. Silencieux et observateur, il met les faits en relation, il suit son intuition. Alors que les autres policiers se contentent d’une explication facile - règlement de comptes de la Camorra - il suit une autre piste. Quand de nouveaux meurtres sont commis et que l’enquête piétine, le dossier lui est confié par la substitut du procureur, Laura Piras. Elle aussi insulaire - originaire de Sardaigne -, elle cache une fêlure secrète et ne peut qu’être attirée par l’inspecteur tourmenté, comme l’est aussi Letizia, la patronne de la trattoria où il va diner le soir. Tous les personnages principaux ont leur blessure cachée, leur face obscure. Les souffrances de l’enquêteur, sans nouvelles de sa fille depuis dix mois, le plongent dans des cauchemars, et lui permettent d’approcher la personnalité du tueur et sa stratégie. 

 

Et puis il y a Naples, ville sombre et pluvieuse, loin des clichés. Naples qui a tourné le dos à la mer, où les gamins de seize ans sont recrutés par la Camorra dans les ruelles étroites des bassi et où les enfants de la bourgeoisie vont au lycée en voiture sans permis sur les hauteurs du Vomero.

Dans cette « ville pleine de fantômes » rode le meurtrier, surnommé le Crocodile parce que l’on retrouve sur les lieux des crimes des mouchoirs en papier mouillés de ses larmes, mais surtout parce qu’il opère de manière froide, lente, organisé et cruel comme l’animal : « Mâchoires puissantes. Crocs implacables. Morsure formidable. Le vieux est le Crocodile. » Invisible dans la foule indifférente, il se prépare méticuleusement, il repère sa proie et il attend. Le lecteur le découvre peu à peu à travers ses lettres adressées à « Mon amour » qui s’intercalent au cours du récit. Lojacono parviendra-t-il à identifier le Crocodile avant un nouveau drame?

 

Suspens garanti. Atmosphère assurée. Un De Giovanni sans le commissaire Ricciardi - auquel l’auteur dédie d’ailleurs le livre ! - mais avec le même charme vénéneux.

 

La méthode du crocodile, Maurizio De Giovanni, traduit de l’italien par Jean-Luc Defromont, 10/18, 2013, 309 pages.

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