Ode à la vie, ode à la mort, un roman sensible et jamais pesant sur le thème de la fin de vie.
Dans la maison du Lion, maison de fin de vie située sur l’île aux citrons au Japon, Shizuku et les autres pensionnaires sont accompagnés dans leurs derniers jours, avec empathie, douceur et bienveillance - avec humanité voudrait-on dire - par Madonna et son équipe. Les sœurs Kano sont en cuisine réveillant en chacun, par le délicieux okayu du matin ou le goûter du dimanche, des émotions enfouies, la soif de vie qui s’étiole sous la maladie et la douleur.
Le récit, à la première personne, reste toujours à juste distance des personnages, épousant avec pudeur les émotions de la narratrice. Si le sujet est grave, c’est la légèreté qui domine, même dans les moments les plus bouleversants. L’écriture concrétise les paroles de Madonna : « La meilleure chose à faire, Shizuku, est de garder le sourire. Dans les moments les plus durs, il ne faut pas oublier de relever la tête et de sourire. Vous pourrez alors incarner l’espoir pour tous ceux qui souffrent plus que vous ». Alors, lorsque Shizuku affirme « Il soufflait en moi un vent de gratitude, comme une bourrasque de printemps », le lecteur ne peut que réaliser que c’est cela même qu’il ressent au fil des pages.
La dernière partie du livre est peut-être moins réussie, lorsque la focale change pour appuyer une sorte de happy end qui n’était pas nécessaire. Car Ogawa Ito a bel et bien réussi la gageure de rendre la mort légère, si ce n’est heureuse, jusqu’à suggérer « que mourir sera pareil à l’orgasme le plus puissant ».
Le Goûter du Lion, Ogawa Ito, traduit du japonais par Déborah Pierret-Watanabe, éditions Picquier, 2022.
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