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Le livre des anges suivi de Six fois sept, Ludmila Oulitskaïa

  • Photo du rédacteur: M. O.
    M. O.
  • 14 mai
  • 2 min de lecture

Dans la première partie, les nouvelles mettent en scène des anges gardiens qui ont pour mission de veiller sur les humains et « d’accompagner à leur nouveau domicile les gens qui ont terminé leur voyage sur terre ». Bienveillants et malicieux, ils s’acquittent de leur tâche avec douceur et conduisent vers leur dernière demeure leurs protégés. Ce sont souvent des femmes âgées, charmantes et fragiles, que l’autrice décrit avec humour et délicatesse et qui rappellent « Les petites vieilles » de Baudelaire.


La deuxième partie s’organise, comme le titre l’indique, autour du chiffre sept, en déclinant différentes situations de vie - naissances, fins de vie, gémellités… - de sept manières. Les textes sont plus brefs, parfois réduits à quelques paragraphes, voire à un seul, mais Ludmila Oulitskaïa, maitrise parfaitement la forme brève. Elle sait, en peu de traits, croquer un personnage et évoquer toute une existence. Ce sont autant d’êtres durement marqués par les aléas et les injustices du destin ou miraculeusement favorisés par d’heureux hasards. Vies minuscules, ancrées dans la réalité de l’URSS avec les souvenirs à peine esquissés de la guerre, des camps et la promiscuité des appartements collectifs. Mais aussi destins universels qui illustrent la fragilité humaine.


Bien sûr, ces courtes nouvelles n’ont pas le souffle des grands romans de Ludmila Oulitskaïa, mais on y retrouve son attention au quotidien, son empathie envers ses personnages, presque une forme de tendresse. Il y a dans ces textes une certaine légèreté, une distance amusée même s’ils abordent des sujets difficiles - la vieillesse, la maladie, la mort. Mais n’est-ce pas le propre d’un grand écrivain que de savoir allier humour et gravité ?

 

Cette lecture touchante et réconfortante s’avère aussi bouleversante lorsque l’autrice octogénaire - qui a dû quitter précipitamment la Russie en février 2022 et vit aujourd’hui exilée à Berlin - se confie dans son « Epilogue » : « Je n’ai plus qu’un espoir maintenant, et un seul rêve : vivre jusqu’à la fin de cette folie guerrière et rentrer à Moscou, rue de l’Aéroport, dans le monde familier et cher où je me sens « à ma place. » »

 

Le livre des anges suivi de Six fois sept, Ludmila Oulitskaïa, traduit du russe par Sophie Benech, Gallimard, 2025, 123 pages.

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