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Alors c’est bien, Clémentine Mélois


Alors c’est bien est un récit émouvant, lumineux et drôle sur la mort du père de l’autrice, le sculpteur Bernard Mélois (1939-2023). Au fil de la lecture, nous découvrons une famille aimante de doux dingues très sympathiques qui bricolent de conserve au rythme de la meuleuse. Chez les Mélois, tout ou presque est fait maison, du moins transformé avec malice par un membre de la famille. Les virées du dimanche passent par des décharges sauvages à la recherche de trésors en émail. Les sculptures de Bernard Mélois sont constituées de ces diverses trouvailles : « L’œuvre de mon père est née des Trente Glorieuses […] il transformait en sculptures bariolées les déchets générés par la société marchande ». C’est avec un artiste fantasque au grand cœur que nous faisons connaissance : son amour exubérant pour Michelle, sa femme, ses œuvres étonnantes, ses inventions pour nourrir les passions de ses enfants et petits-enfants. En ponctuant ses courts chapitres de petits dialogues, quelques phrases échangées avec son père - puis, après sa mort, d’extraits de ses journaux - Clémentine Mélois nous fait entendre sa voix : « - Ah, quelle vacherie, quand même ! J’aurais préféré vivre en me croyant en bonne santé que mourir en me sachant malade. »


Le livre s’ouvre sur l’achat du cercueil raconté avec beaucoup d’humour - armure redoutable, héritée de son père, pour chasser la peur, la tristesse, l’abattement qui guettent l’autrice : « Il faudrait pouvoir engager un videur de boîte de nuit pour notre esprit : un ancien boxeur très musclé, engoncé dans un costume mal taillé. D'un geste autoritaire, il refuserait l'accès aux souvenirs douloureux - entrée libre et cocktail gratuit pour les autres. » Bernard Mélois est mourant, l’autrice et sa sœur regagnent la demeure familiale et commencent à orchestrer les funérailles, guidées par les directives de leur père. Celui-ci a déjà acheté sa place au cimetière de Saint-Quentin-sur-Allan, son « cimetière marin perdu au milieu des champs », où l’attendent déjà quelques amis. Le cercueil, la croix, la cérémonie, l’officiant, tout sera à la mode Mélois, chacun venant mettre sa patte pour offrir au sculpteur des obsèques qui lui ressemblent.


Clémentine Mélois évoque avec beaucoup de grâce ces jours terribles et précieux qui précèdent et suivent la mort de son père. Un récit vibrant d’amour, enchevêtré de rires et de larmes.


Alors c’est bien, Clémentine Mélois, l’arbalète Gallimard, 2024, 202 pages.

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