La stratégie du lézard, Valerio Varesi

C’est l’hiver, il neige. Parme est dans le brouillard et le commissaire Sonieri aussi. Mais cette situation n’est pas pour lui déplaire : « C’est parce qu’il était rebelle aux habitudes qu’il aimait le brouillard. » Des découvertes étranges se succèdent. Un vieil homme est trouvé mort de froid dans l’issue de secours d’une clinique privée, le maire de la ville disparait, des sonneries de portable se font entendre sur la rive du fleuve où l’on distingue aussi des traces de passage. Ces faits sont-ils reliés ? C’est l’opinion du commissaire qui enquête en comptant sur son instinct et sur le hasard - « un petit peu de chance, un petit peu de nez » - dans cette ville qu’il connait intimement. Mais Parme a changé, rongée par la corruption, gangrenée par la mafia : trafiquants, politiques et entrepreneurs ont partie liée dans ce nouveau « contexte ». Nostalgique des années de Parme la rouge et marqué par ses drames intimes, Sonieri porte un regard acerbe sur ses concitoyens : « l’éternelle lâcheté et l’indifférence italiote. Il suffit d’offrir une casquette, un uniforme ou une palette de signalisation à un Italien pour qu’il se prenne pour un tyran. » Seuls la complicité avec Angela, sa compagne, les plaisirs simples de la table - vins du pays et plats traditionnels - et l’air froid des Appenins lui offrent quelques moments de bonheur. Peu à peu, la brume se dissipe, dans le paysage comme dans l’enquête …

Valerio Varesi nous entraine à la suite de son personnage dans une déambulation, souvent nocturne, à travers les rues de la ville où les beautés du passé sont estompées par les turpitudes du présent. Sa langue précise, tour à tour poétique ou ironique, donne vie aux lieux et aux êtres. Encore une fois, tout au plaisir de retrouver le commissaire mélancolique, on se laisse emporter dans une atmosphère autant que dans une enquête.

La stratégie du lézard, Valerio Varesi, traduit de l’italien par Florence Rigollet, Points, 2025, 384 pages.