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Tempête sur Kinlochleven, Peter May

  • Photo du rédacteur: Fleur B.
    Fleur B.
  • 26 juin
  • 2 min de lecture

Dans Tempête sur Kinlochleven, Peter May brode avec brio sur un canevas convenu de roman policier une dystopie alarmante au mi-temps de notre siècle. L’inspecteur Brodie, porté sur l’alcool, brisé, hanté par son passé, en rappelle bien d’autres et n’a pas à pâlir de la comparaison.


Lorsqu’on lui propose de mener une enquête dans les Highlands, où le corps sans vie d’un journaliste a été retrouvé prisonnier des glaces, il commence par refuser. C’est dans cette même région de Kinlochleven que vit sa fille Addie ; elle ne lui parle plus depuis la mort de sa mère dont elle le tient pour responsable. Atteint d’un cancer incurable, il décide finalement d’accepter et d’affronter la colère de sa fille : « ce n’était que maintenant, devant l’imminence de sa propre mort, qu’il se sentait finalement obligé de ressortir tous les squelettes du placard, de les exposer pour être jugé. Quel que soit le jugement. »


La narration alterne ainsi entre 2051 et des flashbacks qui reviennent sur le passé de Brodie et éclairent peu à peu sa culpabilité. Dans ce futur très proche, la catastrophe climatique entraîne une atmosphère de fin du monde, tout au moins du nôtre. De nombreux pays suffoquent sous une chaleur insupportable mais l’Ecosse, elle, subit les assauts d’un froid polaire. Peter May excelle à décrire les paysages écossais, ses munros et ses lochs, pris par les glaces et les tempêtes de neige. La conscience politique et les inquiétudes de l’auteur affleurent avec beaucoup de finesse. Il dénonce notamment le coût humain de ce désastre environnemental : « selon les estimations, les habitants fuyant l’Afrique équatoriale et l’Asie seraient environ deux milliards ». Mais le romancier écossais, qui vit en France depuis plusieurs années, se permet aussi de rêver : l’Ecosse, indépendante, a pu rallier l’UE.


Tempête sur Kinlochleven multiplie les plaisirs de lecture : enquête haletante avec ses péripéties et ses meurtres en cascades, héros complexe et torturé qui affronte son passé et roman d’anticipation solidement documenté.


Tempête sur Kinlochleven, Peter May, traduit de l’anglais (Ecosse) par Ariane Bataille, Editions du Rouergue noir, 2024, 347 pages.

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