Tressaillir, Maria Pourchet
- Fleur B.

- 7 nov.
- 2 min de lecture
Dès les premières pages, l’écriture incisive de Maria Pourchet nous régale. Taillant dans la phrase et dans la langue, elle croque avec acuité la fuite d’une parisienne bobo, Michelle, autrice pour la jeunesse et mère à bout de souffle : « Très occupée par mon existence de dame, tâchant en tout de faire mieux. Recevoir, arroser, respirer. Réussir, non. Réussir appartient aux hommes et aux années 1980, réussir j'aurais l'air d'une plouc. »
Dans la première moitié du roman, très réussie, Michelle quitte son foyer. Mais, terrée dans sa chambre d’hôtel, elle est mortifiée par ce qu’elle vient de faire, tétanisée dans ses aspirations professionnelles, et effondrée de ne plus vivre avec son enfant : « La liberté qui me gagne est un supplice, c'est dommage. Il faut croire que femme rompue n'était pas à ma portée. Je mesure l'importance de ma structure de conjointe au cratère qu'elle ouvre en s'effondrant. Trop tard. » L’autrice ne ménage pas son personnage et vise juste tant qu’elle raconte son effondrement. Son amie et éditrice, Blanche, qui vient à sa rescousse, offre des pages savoureuses sur ce canevas convenu : « Elle ouvre les boîtes tièdes et les distribue presque joyeusement sur la couette comme au bord de la Marne, comme si c'était super, qu'on allait, je sais pas. Nous peindre. » Michelle est une narratrice hilarante, son humour proche du stand-up avec ses conclusions lapidaires telles des punchlines et ses associations langagières font le plaisir de son psychiatre Ariel comme du lecteur. A contrario, les chapitres dont la narration est prise en charge par d’autres personnages, notamment masculins, sont nettement moins réussis et convaincants. La drôlerie laisse place aux discours intérieurs assez plats de personnages stéréotypés : le mari en planque devant l’hôtel, le psy amoureux, l’adolescente incomprise. A trop vouloir jouer avec les clichés, l’autrice les réactive. Ainsi, le récit si réjouissant d’une femme en fuite à deux pas de chez elle devient très convenu dans sa seconde moitié. Michelle quitte Paris pour animer un atelier d’écriture dans les Vosges dans le lycée où elle fut élève. Ce retour aux sources ravive d’anciennes angoisses mais permet aussi à Michelle d’avancer. Deux fins se succèdent pour mieux tendre vers le happy end. Nulle surprise, l’élan est tranché net à mi-parcours et on reste sur sa faim. Les prétextes narratifs assez grossiers laissent pantois, tout comme les nombreuses métaphores désarmantes sur la proie, Michelle surnommée « Biche » appelle sa fille Lou.
Le titre fort mal choisi du roman est à l’image de sa lecture, une promesse non tenue.
Tressaillir, Maria Pourchet, Stock, 2025, 325 pages.



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